Le premier confinement, comme celui de cet automne, a entrainé la suspension de nombreux ateliers d’improvisation programmés au sein des collèges du Trophée d’Impro Culture & Diversité. Certaines structures culturelles partenaires ont fait le choix, pour maintenir le lien avec leurs élèves, de pratiquer en visio. Entre contraintes et opportunités, des intervenants témoignent.
L’enjeu du Trophée d’Impro Culture & Diversité est de faire découvrir l’improvisation aux élèves lors d’ateliers dans des collèges. Les improvisateurs en herbe y pratiquent la discipline en vue des matchs du second semestre. En ces temps de crise sanitaire, 50 % des ateliers peuvent se tenir en présentiel avec port du masque et respect des gestes barrière. Pour les autres, une nouvelle pratique à distance est parfois proposée. C’est le cas notamment au sein des compagnies En décalage à Grasse, Macédoine à Caen, La Clef à Tours et la LIFI à Paris.
Adapter les exercices à l’ordinateur
Mettre en place des ateliers en visio requiert de développer des exercices adaptés. Certaines thématiques de travail sont facilement abordables comme le travail sur la narration et la construction. Pour la catégorie « conté » par exemple, un élève raconte une histoire que les autres illustrent depuis leurs écrans. Idem pour les catégories « à la manière », où les improvisateurs doivent jouer « à la manière » d’un cinéaste (Tarantino, Woody Allen…), d’un écrivain (Molière/ Ionesco…) ou encore d’un genre (film d’auteur français, policier, manga…). Olivier Rolland, animateur à Grasse explique qu’il fait visionner quelques bandes-annonces pour donner un « corpus » à ses élèves afin d’encourager leur imagination.
La pratique en ligne permet également d’utiliser l’ordinateur comme élément central des contraintes de jeu. Par exemple, la visio peut être un soutien pour les mises en situation avec des lieux imposés. Ludovic Duchesnes, animateur à Caen, témoigne d’un exercice dans une prison où les joueurs sont chacun dans leur cellule.
Les exercices en duo se prêtent également à la visio, notamment avec les applications qui permettent de regrouper les participants en sous-groupes où les improvisateurs peuvent s’exercer en duo sans interférences.
Ces séances peuvent donner lieu à de beaux moment d’impro comme en témoigne Olivier Rolland. Certains de ses élèves les plus timides se sentent plus en sécurité chez eux et ont tendance à se livrer plus facilement.
A distance, quelques contraintes ressortent toutefois comme la difficulté à travailler sur le corps, le mouvement ou l’appropriation de l’espace, notamment à plusieurs, mais aussi les contraintes informatiques.
Inventer une nouvelle discipline
La pratique de l’improvisation théâtrale à distance ne permet pas de travailler tous les axes artistiques de la discipline mais reste un moyen de substitution non négligeable des ateliers en physique. Le distanciel motive l’imagination et la créativité pour les animateurs qui doivent s’adapter à cette nouvelle contrainte comme pour les improvisateurs qui font face à de nouveaux exercices. Romain Cadoret, à Paris, propose même d’aborder l’atelier d’impro à distance avec un autre regard, afin d’ouvrir un nouvel espace de liberté. Il considère l’impro à distance comme du court-métrage ou de la vidéo improvisés plutôt que du théâtre improvisé.
Finalement, nous n’en sommes peut-être qu’au début de nouvelles expérimentations autour de l’impro !