Jeunes et déjà la classe d'impro
17 mars 2015

Jeunes et déjà la classe d'impro

Dans la salle des fêtes de Fives, des collégiens lillois s’affrontent lors de matchs d’improvisation. Même si les meilleurs pourront concourir au niveau national, en impro, on ne joue pas contre l’équipe adverse mais avec elle.

« Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours voulu devenir célèbre ! » Elle n’a pas encore atteint les sommets, mais pour sa première représentation, Marie-Cibel, 11 ans, a la chance de jouer devant 250 personnes. Rien ne la perturbe : « T’es jalouse parce qu’on te fait pas une interview !», rétorque-t-elle à son ami qui imite les manières qu’elle prend en répondant aux questions. A l’intérieur de la grande salle des fêtes de Fives, piste de bal reconvertie pour l’occasion en ring de matchs d’improvisation, les jeunes collégiens s’installent pendant que les 18 compétiteurs s’échauffent avec Coach Hervé. « Oubliez-les ! Tout ce qui se passe en dehors du ring n’existe pas », conseille-t-il aux moins expérimentés. Après quelques exercices, la pression s’évanouit : « Au début, j’étais stressée mais après je me suis lâchée », témoigne Marianne.

Renvoyés sur le banc du ring rebaptisé « la patinoire » par Cédric, metteur en scène professionnel et arbitre d’un jour, les jeunes enfilent leurs maillots de hockey. Affublé de son traditionnel habit noir et blanc, l’arbitre inspecte chaque balustrade, teste son sifflet et montre aux deux coachs son palet de hockey. Tout est en règle, le match peut commencer.

Jamais à court d’idées

« FBI Police Municipale, vous êtes en état d’arrestation ! » « Nous voilà au Paradis : Oh, y’a des Granolas ! » « Ha, les jeunes filles d’aujourd’hui, elle ne pensent qu’aux garçons ! » Pendant trois matchs de trente minutes, les scènes s’enchaînent et les rires envahissent la salle. « La zénitude du hamster » ou « L’amalgame du Diable », chaque fois que l’arbitre tire un sujet au sort, les jeunes acteurs laissent libre cours à leur imagination débordante. Le résultat est bluffant dans les deux équipes, mais il faut un gagnant. A la fin des scènes, chaque spectateur brandit une affiche pour l’équipe bleue ou pour l’équipe  rouge : « 65-29, les rouges remportent la manche ». Parmi eux, Marianne crève l’écran. C’est son premier match d’improvisation, mais la jeune collégienne de 11 ans enchaîne les personnages avec brio. Tour à tour, elle campe une sorcière ou une vendeuse de ruban maléfique et fait mouche à chaque fois. Lorsqu’elle doit mimer une cliente énervée contre un serveur, on croit revoir le modèle miniature de Jacques Villeret dans La soupe aux choux. Dans les deux équipes, tous sont surprenants d’inventivité : « Je suis content du résultat, les élèves ont bien progressé ! », se réjouit Cédric après la représentation. Dans le public, les collégiens venus voir leurs amis ont également été impressionnés : « Moi j’arrive même pas à crier aussi fort » souffle Quentin à son camarade en se retournant sur sa chaise. Impressionné, mais pas au point de changer de vocation : « Ah non je vais pas faire d’impro, moi j’fais du foot ! ».

Ce reportage a été réalisé par Michael Guiheux, étudiant à ESJ Lille